Louis Dumur a déclaré un jour : “Une injustice dont nous profitons s’appelle la chance ; une injustice dont un autre profite s’appelle un scandale.”

En lisant cet aphorisme, j’ai réalisé deux choses. Primo, je suis chanceux d’avoir les oreilles régulièrement baignées dans les musiques de The Coral. Secondo, la non-médiatisation de The Coral est en scandale.

Groupe chancelant depuis plusieurs années, lassé de sa non-réussite commerciale et de la pléthore de groupes à guitares d’outre-Manche à la réussite aussi instantanée qu’éphémère, The Coral assure pourtant une production soutenue puisqu’il a sorti son 5ème opus en autant d’années d’existence sur le marché du disque l’été dernier.

Roots And Echoes est passé relativement inaperçu un peu partout. Sorti du top 50 des albums britanniques en 2 semaines, toujours pas paru aux Etats-Unis, à peine soutenu par une tournée nettement moins touffue que les précédentes, il mérite pourtant une oreille attentive puisque le groupe y affiche une parfaite maîtrise de songwriting country psychédélique. Les singles Who’s Gonna Find Me et Put The Sun Back sont des chefs-d’oeuvre qui n’ombragent pourtant pas les autres titres, notamment In The Rain, la meilleure chanson du LP.

Alors comment expliquer cette désaffection du groupe ? Les performances scéniques du groupe, comme à l’Elysée Montmartre en décembre dernier, laissent par exemple perplexes. Certes le show est vraiment bien foutu : les tubes potentiels s’enchaînent sans faiblir, le calage des 6 musiciens est irréprochable et on en redemande. Pourtant le groupe donne l’impression d’en garder sous la semelle, ne donne pas vraiment tout et on se met à douter de leur sincérité auprès du public : jouent-ils avec leur cœur ? Les déclarations du leader James Skelly dans la presse en rajoute une couche, ne faisant plus mystère de son amertume :

But you don’t have to sell a million. I’d still rather have been in The Beta Band, released the records they released and hardly sold anything than been in Franz Ferdinand and sold what they did.

Depuis le single Jacqueline est sorti (c’est pas le nom d’un titre des sus-nommés Franz Ferdinand ça ?), le guitariste Bill Ryder-Jones a quitté le groupe, Noel Gallagher les a accompagnés sur scène (après leur avoir fait enregistrer Roots And Echoes dans son studio), le groupe est devenu le support band des Arctic Monkeys et il envisage désormais de réaliser ses propres films.

Allez les p’tits gars, on croit en vous, battez-vous et ne regardez plus dans le rétro, ok ?